Restitution du tableau « Blumenstilleben/Fleurs/Bloemen », Lovis Corinth

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Bloemenstilleven

Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique ont intégré dans leur collection un tableau intitulé « Bloemen/Fleurs/Blumenstilleben» du peintre allemand Lovis Corinth (1858-1925), donné en 1951 par le « Service de récupération économique », afin d’en faire de la publicité de manière à ce que la famille à laquelle il avait été spolié pendant la  seconde guerre mondiale se manifeste.

Le tableau figure sur le site du Musée avec la description suivante « collection inconnue, volé par le Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), récupéré par Leo Van Puyvelde après la libération de Bruxelles, transféré à l'Office de Récupération Économique et cédé en 1951 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles ». [1]

Il a aussi été exposé jusqu’en 2010 dans une salle du Musée et n’a été remis dans les réserves qu’en raison d’une réorganisation de celui-ci. 

Fin 2016, les Musées ont reçu un courrier d’un avocat allemand mandaté par les descendants de Gustav et Emma Mayer, demandant une étude de provenance sur le tableau sur la base des « Washington Principles on Nazi-confiscated Art». Le courrier contient des annexes permettant d’identifier le tableau et décrivant sa provenance.

La famille a quitté l’Allemagne pour l’Angleterre (via la Belgique) avant la guerre et la caisse qui contenait entre autres ce tableau a été volée par l’occupant dans un entrepôt à Bruxelles. 

Entre 1998 et 2001, une Commission officielle (sous l’égide de la Chancellerie du Premier Ministre), présidée par Lucien Buysse s’est réunie pour effectuer des recherches sur les biens spoliés à des familles juives pendant la guerre mondiale conformément à la recommandation de la Conférence de Washington (1998). S’en est suivie une commission « dédommagement », qui a rendu son rapport en 2008 et qui a abordé 5.210 dossiers de spoliations. Aucune demande n’a été formulée par la famille Mayer dans le cadre de cette commission. La famille n’a introduit de demande qu’aux autorités d’Allemagne de l’Ouest et a été dédommagée à la fin des années 1960 à hauteur de 120.000 DM pour l’ensemble des biens qui ont disparu, dont 60.000 DM pour les tableaux, parmi lesquels le Corinth qui fut évalué à 7.000 DM.

Sur le plan juridique, la Belgique applique le principe de la « just and fair solution » édicté par la Conférence de Washington. La commission de restitution a, quant à elle, appliqué systématiquement le principe selon lequel la compensation pour la spoliation ne pouvait pas être mise en œuvre 2 fois, et cela indifféremment selon que la compensation est intervenue en Allemagne ou en Belgique.

 Dans un courrier adressé aux MRBAB, le bureau d’avocat mandaté par la famille Mayer a confirmé que les autorités allemandes allaient demander le remboursement des 4.090,34 € que la famille Mayer avait déjà reçus comme dédommagement. Le remboursement sera demandé après que la restitution de la toile à la famille Mayer sera concrétisée. Ainsi, la double compensation sera évitée (dédommagement et restitution).

Le secrétaire d’état, Thomas Dermine, a envoyé un courrier (voir annexe) au bureau d’avocats afin de confirmer son accord pour la restitution du tableau « Bloemen/Fleurs/Blumenstilleben» du peintre allemand Lovis Corinth à la famille Mayer. « Je suis très heureux que ce tableau puisse retrouver la famille à laquelle il a été spolié, indique Thomas Dermine, Secrétaire d’Etat en charge de la Politique scientifique. C’est sans doute un petit geste, mais il répare une lâche spoliation et démontre en cela, comme beaucoup d’autres petits gestes, qu’il ne faut jamais renoncer à croire au triomphe de la Justice. »